LE SERVICE DE L’EAU AUX POPULATIONS DÉFAVORISÉES
EXEMPLE DE RÉALISATIONS DANS LES BANLIEUS DES GRANDES VILLES
D’AFRIQUE – D’AMÉRIQUE DU SUD
EN PARTENARIAT AVEC LES ONG ET LES POUVOIRS PUBLICS


Par Jacques LABRE
Directeur des Relations Institutionnelles
Du Groupe SUEZ

Je fais partie, au sein de Suez, d’une équipe qui s’occupe de support aux activités dans les pays en développement en ce qui concerne le métier de l’eau. Je vais vous parler de l’expérience acquise dans notre groupe sur les services d’eau et d’assainissement aux populations défavorisées.
Je voudrais faire une distinction claire entre l’action humanitaire qui, chez nous, est conduite par des ONG émanations du personnel : dans le domaine de l’eau, Aqua assistance, dans le secteur de l’énergie, Energy Assistance. Des membres volontaires du personnel passent leurs périodes de congé, utilisent leur savoir-faire au service de populations défavorisées ou en situation d’urgence. je ne vais pas vous parler de cela, mais du service aux populations défavorisées comme une composante de l’activité économique de notre groupe.

Je vais parler en introduction de ce qu’on appelle, souvent à tort, dans les médias, « guerre de l’eau », ensuite quelle est la raison de l’implication de notre groupe dans les services aux populations défavorisées, puis en quoi le partenariat des ONG est un élément essentiel dans notre démarche auprès des populations défavorisées. J’évoquerai quelques aspects économiques important.
Le IIIème Forum mondial de l’eau s’est tenu à KYOTO en mars 2003. Une ONG canadienne, le secrétariat mondial de l’eau avait mis en place une horloge pour bien signifier aux participants à ce forum l’urgence d’agir pour améliorer la situation en matière d’accès au services élémentaires d’eau potable et d’assainissement dans les pays en développement. Sur le bas de cette horloge figurait un système qui décomptait le nombre d’habitants dans le monde qui n’ont pas accès à des services adéquats d’eau et d’assainissement et qui montrait le fossé qui s’élargit sans cesse entre le nombre réel d’habitants qui n’ont pas accès et le nombre objectif fixé en 2000 par les Nation Unies dans ce qu’on appelle la Déclaration du Millénaire.

Qu’est ce que la vraie guerre de l’eau ? c’est un poncif dans les médias depuis quelques années de dire que les guerres du IIIéme millénaires seront des guerres pour l’eau.
En fait, la guerre de l’eau a déjà commencé. Elle fait 6000 mort par jour, essentiellement des enfants. Il ne s’agit pas de conflits géostratégiques entre les États pour l’accès aux ressources en eau qui sont certes une cause de conflit international dans certains pays mais qui, heureusement n’a pas encore fait beaucoup de victimes, alors qu’il y a un combat bien réel, peu visible dans les médias et dont la géographie apparaît sur cette carte . il ne s’agit pas de la géographie de l’aridité, il ne s’agit pas d’un problème de ressources en eau, mais d’accès aux services publics de l’eau potable et de l’assainissement. Cette carte coïncide avec celle de la pauvreté et non avec celle de l’aridité.

Ce graphique illustre l’évolution du nombre de personne qui n’ont pas accès à un service adéquat d’eau potable. Ce chiffre est à peu près stationnaire depuis dix ans à un milliard cent millions d’individus ? l’ONU a fixé comme objectif une division par ceux de la proportion des humains qui n’ont pas accès à un service convenable d’ici 2015.
C’est la courbe déclinante pointillée bleue. L’évolution depuis 2000 est la courbe ascendante pointillée noire. On ne prend donc pas le chemin des objectifs du millénaire. Au cours de la décennie 1990-2000, on a connecté à des services d’eau potable 224.000 personnes supplémentaires par jour, ce qui n’est pas mal, mais ce qui n’a fait que compenser l’augmentation démographique. Pour atteindre les objectifs du millénaire, il faudrait passer à rythme de 290.000 personnes par jour. Cela est la situation pour l’eau potable. Si vous regarder ce qu’il en est pour l’assainissement, c’est pire, puisqu’il y a environ 2.400.000 personnes qui n’ont pas accès à des services convenables d’assainissement. on a donné accès à ce service à 200.000 personnes par jour au cours de la dernière décennie. Pour respecter l’objectif du millénaire, il faudrait doubler, donc donner chaque jour accès à 400.000 personnes supplémentaires.
Quant on dit qu’il y a 1.100.000 personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable, on ne parle pas des gens connectés ou pas à un réseau public. On sait bien qu’il n’est pas réaliste d’espérer qu’en 2015, que 50% de la population rurale des pays en développement aura accès à un réseau public. Il y a un certain nombre de modes de distribution d’eau qui sont reconnus acceptable par l’organisation mondiale de la santé et d’autres qui sont reconnus peu sûr du plan de la santé.
Le graphique indique à la fois les modes de distribution d’eau reconnus acceptables et le coût par habitant dans les différentes régions du Sud. A gauche, la connexion individuelle à domicile, ensuite la borne fontaine, le forage ou le puits mais protégés contre la pollution par les déchets solides, les eaux pluviales et aussi la collecte de la pluie dans des conditions contrôlées.
En matière d’assainissement, on constate la très grande dispersion des chiffres. En zone urbaine, pour avoir accès convenable à l’eau potable ou à l’assainissement, il faut investir beaucoup plus par habitant parce qu’il faut construire des réseaux c’est la seule solution .
En zone rurale, des systèmes de latrines améliorées peuvent convenir si la densité de la population est faible.
Quelle est la logique de l’implication d’un groupe comme SUEZ dans le service aux population défavorisées ? il ne s’agit pas d’une logique humanitaire, même si à titre individuel nous pouvons avoir des motivations d’ordre éthique. Je vais parler maintenant de ce qui fait partie du « cœur de métier ». C’est un cri d’alarme que notre président directeur général :Gérard MESTRALET a lancé fin 2001 et qui a été envoyé à tous les chefs d’Etats et de Gouvernement pour amener l’accès à l’eau et à l’assainissement à un niveau plus important dans la l’agenda des autorités locales. L’ONU, à la fin de 2002 a déclaré que l’accès à l’eau et à l’assainissement était un droit fondamental de l’homme et que les différents pays qui ont ratifié la convention de l’ONU sur les droits culturels, économiques et sociaux avaient,
De facto , pris l’engagement de faire leurs meilleurs efforts pour donner accès à leur population à l’eau potable et à l’assainissement.
Notre métier est de faire de ce droit une réalité. Ce n’est pas un aspect humanitaire parce qu’on joue sur de gros chiffres. La répartition des clients finaux dans le monde pour le métier de l’eau chez SUEZ. Cela se partage entre 17 millions de personnes dans le « marché domestique » c’est-à-dire la France, la Belgique et 94 millions à l’extérieur. Sur ces derniers il y en a environ la moitié dans les pays du SUD. Ce que montre la partie rouge du graphique est que nous avons entre 8 et 9 millions de clients qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté de deux $ par habitant et par jour.
Un graphique indique la liste de certaines grandes villes des pays du Sud avec leur population totale, la partie de celle-ci qui a accès à l’eau grâce au réseau public dont nous avons la gérance selon un contrat avec les autorités locales s’élève à 8.100.000 habitants. Si on ajoute la ville de Manille dont le contrat est en cours de négociation on arrive à peu près à 9 millions.
Sur ce total près de la moitié ont été raccordés au système au cours des récentes années durant lesquelles nous avons été titulaires de contrats de concession, d’affermage ou d’autres formules. Nous avons donc, et cela fait partie de la fierté du groupe, donné accès à l’eau à environ 4/5 millions de personnes vivants au-dessous du seuil de pauvreté. La raison pour laquelle nous avons lancé un cri fin 2001, c’était pour montrer que ce n’était pas une fatalité que d’avoir respectivement 1 et 2 milliards et demi d’habitants dans le monde qui n’avaient pas l’accès à l’eau. Il y a des exemples qui montrent que lorsque la volonté politique existe et qu’on se donne les moyens, c’est possible. Il y a le cas de Buenos-Aires où nous avons un contrat de concession depuis 1993 qui nous a permis de raccorder 1.600.000 personnes dont la moitié vit au-dessous du seuil de pauvreté dans les quartiers périphériques. Dans une ville beaucoup plus pauvre d’Amérique latine, La Paz et sa ville satellite, El Alto en Bolivie le Gouvernement a lancé un appel d’offres dont le critère de sélection des concurrents était le pourcentage de population qu’il fallait s’engager à desservir avant fin 2001. Nous avons répondu que nous nous engagions à desservir 100% de la population en eau potable et assainissement et cela a été fait dans la zone de concession bien qu’il y ait beaucoup d’habitants vivant au-dessous du seuil de pauvreté.
En zone rurale, il est beaucoup moins fréquent de voir des montages impliquant le secteur privé mais c’est possible. Le gouvernement sud africain a une politique très déterminée la généralisation de l’accès à l’eau pour la population et il a lancé des appels d’offres qui, de manière intéressante, étaient ouverts à des programmes associant des entreprises privées internationales, des entreprises locales, ingénieurs conseils, entreprise de canalisations et d’autres et des ONG locales. Des groupements ont été constitués qui gèrent de A à Z des projets de conception, exécution, formation des futur utilisateurs et transfert aux communautés locales des services d’eau et d’assainissement dans deux provinces avec un nombre total de bénéficiaires qui s’élève à 3 millions lorsque le projet sera terminé l’année prochaine.
Pour donner accès à l’eau potable et à l’assainissement, il faut faire preuve d’esprit d’in-novation, pas exclusivement sur l’aspect technique, mais il faut être très créatif sur l’aspect partenariat, associer les bons acteurs. Dans ces opérations, les ONG sont très souvent des interlocuteurs majeurs, spécialement les ONG locales qui ont un encrage dans les communautés à desservir.
Rapidement quelques exemples pour montrer la difficulté du problème et les raisons pour lesquelles tant de retard a été pris. Il y a évidemment les difficultés techniques.
Par exemple dans un bidonville de Manille, sur dix hectares, il y a 46.000 habitants vivant en hauteur. L’unique rue digne de ce nom, est en fait la voie ferrée où le train passe de temps à autre. Tout le reste sont des allées qui font moins d’un mètre cinquante de large. Pas question la dedans d’aller faire un gros chantier de canalisations d’eau potable et encore moins d’assainissement. il faut trouver des formules adaptées. Comment fait-on ?
On réunit la population pour comprendre quel est son besoin et c’est là souvent que les ONG implantée localement ont un rôle et essentiel de médiateur à jouer. Par exemple, si nos expatriés avaient dû traiter le problème sans avoir ce médiateur, ils auraient conclu qu’il fallait mettre des bornes fontaines où les gens iraient s’alimenter dans un rayon de 200 à 400 mètres de leur domicile. Mais l’enquête auprès de la population a montrer que le gens voulaient l’eau chez eux. La raison est que, certes ils sont pauvres, mais ils ont un emploi, ils sont dockers, petits marchands…ils ont suffisamment de revenus pour payer l’eau à domicile qui finalement coûte moins cher que l’eau des vendeurs du secteur informel. On a donc dû trouver des formules pour faire passer un réseau d’eau dans cette zone complètement occupée par un habitat sauvage. On réunit les gens pour discuter de la façon dont on peut regrouper les points d’eau, de placer des compteurs individuels, installés à l’extérieur et aux quels les gens viennent après, avec leur moyen propres, avec des tuyaux souples se raccorder jusqu’à leur domicile. Comme il ne gèle jamais à Manille, on pose quelque fois des canalisations apparentes. Il est impossible à l’agent de la société de savoir où sont les compteurs car il n’y a pas d’adresse ni de plan. C’est un représentant de la communauté, du bloc qui est chargé de servir d’intermédiaire à la fois pour recouvrer les factures, étant payé par un petit pourcentage et également pour indiquer aux agents qui viennent relever les compteurs ou faire des réparations, où se trouvent les ouvrages.
En assainissement, c’est encore beaucoup plus difficile parce qu’il faut mettre des canalisations plus importantes. On utilise une pratique bien connue et que nous n’avons pas inventée, le système condominial. Au lieu de poser les collecteurs d’assainissement dans les rues puisque les rues n’existent pas, on les pose dans l’arrière-cour derrière des baraques où vivent les gens. Cela suppose l’autorisation individuelle de chaque propriétaire pour passer chez lui. On pose les canalisations à faible profondeur pour que cela soit moins cher. C’est la collectivité qui se charge d’entretenir le réseau dans sa partie terminale. Les bénéficiaires fournissent la main d’œuvre après avoir été formés et avoir reçu les matériaux. Le montage associe généralement le groupe privé, la municipalité et souvent des bailleurs de fonds, par exemple l’ Union Européenne.
Dans tout ce travail, il y a autant d’ingénierie sociale que d’ingénierie technique, c’est-à-dire qu’il faut mettre en place des organisations communautaires pour comprendre quelle est la demande des gens, pour établir le projet, faire les plans avec leur accord, les former par ce qu’on fait appel à leur main d’œuvre en contre partie de quoi ils sont exonérés d’une partie du prix du branchement. On leur demande en fait une prestation en nature sous forme de main d’œuvre. Un aspect très important est la formation aux pratiques d’hygiène à la santé parce que cela ne sert à rien d’apporter l’eau si cela n’apporte pas un bénéfice sur la santé. Il existe aussi des actions d’accompagnement dont nous ne sommes pas les promoteurs directs mais qui entrent dans le cadre du projet comme les micro-crédits pour aider à l’acquisition du matériel sanitaire à domicile, lavabo, toilettes…

A JOHANNESBOURG, ont été organisés des théâtre de rue où on explique aux gens comment cela va fonctionner, combien il vont devoir payer l’eau. Là , c’est un système de prépaiement qui fonctionne un peu comme un parc mètre et qui permet aux gens de ne pas avoir de surprises sur leurs factures qui arriveraient à posteriori
Il faut donc trouver des solutions spécifiques selon les situations. Par exemple un bidonville était alimenté en eau par camions citernes. Un calcul a montré qu’il était plus économique de raccorder ce bidonville à un réseau public d’eau potable.
Quelques mots sur les aspects économiques. Il ne s’agit pas de proposer aux gens un système dont ils ne peuvent supporter le coût. Quelques mises au point préalables sont nécessaires car il y a souvent beaucoup de polémiques sur le prix de l’eau. La barrière d’entrée pour les population défavorisées n’est pas le prix de l’eau mais le prix du branchement facturé à la première connexion. Ces prix, en général, ne sont pas déterminés par l’opérateur privé mais fixés par l’autorité locale lorsqu’elle lance l’appel d’offres pour la concession. Nous avons dû renégocier un certain nombre de contrats de concession parce que les pouvoirs publics demandaient à la fois de raccorder un maximum de population défavorisée et de leur faire payer un coût de connexion représentant jusqu’à un mois de salaire ce qui est impossible, d’où la nécessité de mettre en place un système où les gens peuvent payer en nature,
(exemple : par main d’œuvre).
La capacité de payer est une chose – la volonté de payer en est une autre et ce deuxième terme est très influencé par des considérations culturelles historiques…En Afrique du Sud, les gens de couleur sont encore influencés par la période de l’apartheid ou l’ANC avait lancé une campagne de désobéissance civile qui se traduisait notamment par le refus de payer les services publics.
Le gouvernement actuel cherche à remonter le courant mais cela prendra du temps. Il a trouve une formule intermédiaire qui consiste à donner un quota d’eau gratuit correspondant aux besoins essentiels au-delà duquel les gens doivent payer.
Il y a aussi beaucoup de polémiques sur la notion de recouvrement des coûts chez les usagers. La conception traditionnelle des organisations internationales comme la Banque Mondiale dans les années 90 était le recouvrement total du coût sur les usagers ce qui paraît logique. Mais c’est une logique qui n’a pas été respecté dans les pays européens quand on a développé, aux XIX et au XXe siècles, les réseaux d’eau potable et d’assainissement, surtout ces derniers qui ont été payés essentiellement par les impôts ; il ne faut pas croire que le système de recouvrement total des coûts par l’usager va fonctionner dans les pays du Sud pour les populations défavorisées. Le concept actuelle mis en avant est celui du recouvrement du coût durable car pour que le système soit économiquement stable, il faut que les usagers paient les coûts de fonctionnement et les coûts de recouvrement et de maintenance des équipements, mais pas nécessairement sur la première facture. Le coût du premier investissement peut être financée par d’autres moyens, impôt et aides internationales.
Un graphique présente le coût de la facture d ‘eau par rapport aux revenus. A Johannesburg 20% de la population au dessous du seuil de pauvreté paie 0,30% pour 40litres d’eau par jour qui sont considérées comme vitaux par l’ Organisation Mondiale de la Santé, puisque cette catégorie de population bénéficie d’un quota gratuit. La ville où le poids du budget en eau est le plus élevé LA PAZ mais reste inférieur à 3%. On considère généralement que pour qu’un projet d’eau soit viable, il faut que le prélèvement sur le revenu du ménage soit inférieur à 5%
En revanche, le coût du branchement peut représenter plusieurs centaines d’euros, ce qui peut être lourd pour une famille défavorisée. Il faut trouver des formules alternatives. Il ne faut pas perdre de vue que, pour une famille défavorisée, il est encore plus coûteux d’acheter l’eau au secteur informel. Celui-ci a une organisation quelquefois un peu mafieuse. A Manille, le secteur informel livrait l’eau à 8o cents de dollar le mètre cube alors que le réseau public le fournissait à 11 cents. Ceux qui achètent l’eau au secteur informel consomment environ trois fois moins d’eau, avec les incidences sur l’hygiène et la santé.

Eric FERONT.- Je souhaiterais que le groupe SUEZ promette une collaboration sur des projets que pourraient avoir les ONG.

Jacques LABRE.- Il n’est pas dans mes compétences de faire des promesses.
Pour la collaboration avec les ONG, il y a deux centres de décisions, notre ONG du personnel Aquatique Centre qui coopère avec d’autres ONG ; également, dans le cadre des contrats, nous intervenons avec des ONG ayant un ancrage local, par exemple en Afrique du Sud, avec (BOULAMUST nom à vérifier), au Brésil avec une ONG locale. On peur aussi intervenir dans des pays développés, mais c’est assez rare, nous ne faisons pas ce type d’actions en dehors de contrats avec des collectivités locales.

Eric FERONT.- Ce que vous faites en Afrique du Sud ou en Argentine est tout simplement le développement économique de SUEZ et non pas une prétendue coopération avec les ONG.

Jacques LABRE.- Je ne vous démentirai pas du tout sur le fait que ce que je vous ai présenté est le développement économique de SUEZ. Nos actionnaires seraient très mécontents si nous intervenions sur 8 millions d’habitants dans une perspective non économique. On peut concilier l’économique et la responsabilité sociétale. Le partenariat avec les ONG est une question très pragmatique. Il faut d’abord qu’on ait un mandat de l’autorité locale. Ensuite, on noue des accords avec les ONG locale.

Jacqueline MAYENCE.- Les bailleurs de fonds sont-ils la Banque Mondiale où les gouvernements locaux ? je ne comprends pas très bien le rôle des ONG dans le développement local. Dans d’autres secteurs, comme les soins de santé, on propose aux patients des soins de santé qui coûtent très peu mais les gens n’y ont pas recours car ils ne peuvent pas payer. Comme vous avez des contrats extrêmement importants, ne pourriez vous pas, dans les pays où vous faites des distributions aux plus pauvres, développer, en même temps des secteurs parallèles à la distribution d’eau.

Jacques LABRE.- Qui finance ? Jusqu’à une période récente, qui couvrait en particulier tous les grands contrats avec l’ Argentine par exemple, il était considéré que le système de la gestion déléguée au secteur privé qu’on appelle aussi le partenariat. Public - Privé, s’inscrivait dans l’économie marchande et donc n’avait pas accès au bénéfice de subventions internationales.
En Argentine, les travaux ont été réaliser avec les fonds propres de SUEZ et des prêts contractés par la société locale Aqua Argentina pour Buenos-Aires. Le modèle économique est que l’amortissement se fait par les tarifs payés par les usagers. On arrive à un système économique plus performant qui permet de rembourser les dettes, par exemple parc qu’il y a moins d’eau qui se perd du fait des fuites. Il peut y avoir des incidents de parcours comme les dévaluations. Dans les villes très pauvres comme LA PAZ, il y a un peu d’aide publique qui vient parfaire le financement du projet. Il faut faire une analyse au cas par cas, quel est le retour d’une amélioration attendue du service de l’eau sur l’économie de la santé, sachant qu’il y a un lit sur deux, dans les hôpitaux des pays en développement, qui est occupé par un malade atteint d’une maladie hydrique. Aidons – nous les usagers à payer leur facture d’eau ?
Ce n’est pas notre métier. Nous ne sommes pas un organisme d’aide au développement.
Nous apportons notre pierre dans le service public.

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