Principes Généraux de partenariat « Entreprises – O.N.G. »


PROPOSITIONS DE L’A I P E O


Christian DOAT
Vice Président de
L’ AIPEO

Les différents exposés très intéressants que nous avons entendus nous conduisent, en conclusion de ce colloque, à discerner la nécessité d’un partenariat mais aussi les difficultés et les limites de ce partenariat. Le conseil d’administration de notre association a décidé des principes, des modalités de partenariat. Ce n’est pas une charte mais plutôt un code d’éthique que nous proposons. Nous souhaiterions connaître vos réactions sur ce code d ‘éthique composé de dix articles :


1.- Les entreprises et les ONG qui désirent travailler en commun doivent respecter les
spécificités et les contraintes de leurs partenaires. Les entreprises ne sont pas chargées
d’un mécénat au profit des ONG, celles-ci ne doivent pas être utilisées comme vecteur
commercial des entreprises.
2.- Elles doivent associer leur savoir-faire sans esprit de compétition.
3.- Elles doivent s’indiquer mutuellement leurs objectifs.
4.- Le partenariat doit tendre à mettre en place des mécanismes de contribution financière au
plan local, pour la construction, l’exploitation, l’entretien, le renouvellement des installations ainsi que la commercialisation des produits, l’objectif est de confier la responsabilité de l’action aux opérateurs locaux.
5.- Les partenaires doivent établir un accord comprenant un cahier des charges fixant les
obligations respectives, un budget prévisionnel, les organismes de décision, le règlement
des difficultés éventuelles, de préférence par l’arbitrage.
6.- Il est recommandé, pour la rédaction des accords, de faire appel à des « tiers témoins »
compétents et indépendants.
7.- Le financement des projets a lieu par des fonds privés provenant des entreprises et par des
fonds recueillis par les ONG, au besoin grâce à des subventions publiques.
8.- Les partenaires peuvent s’adjoindre d’autres opérateurs possédant des compétences
complémentaires.
9.- Il est utile de mentionner par écrit l’action des autorités publiques locales et des bailleurs
de fonds internationaux.
10.- En vue d’une coopération éventuelle, il est recommandé aux entreprises et aux ONG
d’organiser des rapprochements pour leur permettre d’acquérir la connaissance de leurs
activités mutuelles, sans que cela débouche nécessairement sur une action commune.

Une intervention Belge.- Que faites – vous des actions de conseil-marketing permettant à l’entreprise d’augmenter son chiffre d’affaires et pour les ONG de se faire mieux connaître ? c’est purement commercial.

Christian DOAT.- Il s’agit d’un service extérieur auquel peut faire appel une ONG ou une Entreprise, mais cela ne fait pas partie d’un véritable partenariat tel que nous le concevons dans le domaine du développement durable.

François de TINGUY.- A propos de l’article 6, je précise que le (tiers témoin) a existé dans l’histoire de toutes les civilisations, même chez les anglo-saxons où les notaires ont été soi-disant supprimés mais qui commencent à réapparaître. Sous un autre nom, le tiers témoin est une personne indépendante qui permet de mettre le plus faible à égalité avec le plus fort, le moins informé à l’égalité avec le plus informé. Du Bénin, des femmes servaient de tiers témoin. Elles inscrivaient les closes de l’accord conclu sur des cases. S’il survenait une difficulté, on venait à la case pour consulter l’accord car il est important que les contrats soient respectés avant pendant et après.

Christian DOAT.- A propos de l’article 10, nous avons une petite idée en tête, de recouper le jumelage des communes du Nord avec celles du Sud, initiative très intéressante et qui porte déjà ses fruits. Ce genre de jumelage facilite la communication et les relations, même s’il ne débouche pas sur la réalisation de projets communs.

Yves MAIGNE.- Le texte est relativement complet si on parle d’un partenariat ONG – Entreprises où on se regarde en chiens de faïence. Dans la mesure où il s’agit d’un partenariat en vue de contribué à un développement durable, je pense qu’il est important que les partenaires du Sud, les autorités publiques, les collectivités, les organisations villageoises, les pouvoirs organisateurs, ne soient pas seulement comme cela est envisagé à l’Art. 4, préparés à pouvoir assumer la responsabilité d’une exécution ou d’un suivi, mais qu’ils soient présents dès la conception et dès la gestation du partenariat et que l’obligation du financement ne repose pas seulement sur l’entreprise ou sut l’ONG mais repose également sur les pouvoirs publics concernés. Un peu comme le fait la Banque Mondiale qui dit : nous allons vous aider sur le plan énergétique, sanitaire ou scolaire au prorata de ce que vous même allez faire pour réaliser vos objectifs. Dans les Art. 1 –2 – 3 – 4 – 5 et 7, il y aurait moyen, sans nullement changer fondamentalement la formulation, d’y renforcer l’importance d’avoir des interlocuteurs du Sud à place égale dans la cabine de pilotage et non pas dans celle des passagers.

Christian DOAT.- Cette remarque est judicieuse et sera examinée avec attention.

Philipp MULLER WIRTH.- Tout partenariat même s’il n’aboutit pas à l’objectif que les partenaires se sont fixés initialement, ce qui est très souvent le cas. Permet des rencontres, ce qui est un objectif en soi mais qui n’apparaît pas clairement dans nos principes. Comme nous sommes dans un environnement très dynamique, ces principes évoluent dans le temps et il sera bon de le prévoir dans le texte.

Christian DOAT.- Nous adhérons pleinement à vos remarques. L’une des raisons de ces colloques est de faire connaissance, de rapprocher les ONG et les entreprises, d’échanger des idées. Beaucoup de relations et de projets ont débouché grâce à nos colloques.

Gérard SAUNIER .- La pierre d’achoppement est l’Art. 4. Si une ONG travaille dans un pays, c’est parce qu’il y a une carence du gouvernement local qui n’a pas les moyens humains ou financiers de satisfaire aux besoins des populations locales. Des ONG s’en émeuvent, viennent et essaient de se substituer aux autorités locales et de faire le travail qu’elles devraient faire avec les moyens du bord et la plupart du temps, elles n’ont pas les financements nécessaires pour faire le bien .
Demander en plus à ces ONG de demander à des entreprises de venir les aider , sauf s’il s’agit d’entreprises très riches portées au mécénat, cela n’ira jamais très loin. Un des objectifs peut être de l’AIPEO serait de se focaliser sur la sensibilisation des organismes financiers internationaux, la Commission Européenne, la Banque Mondiale car il existe à la Commission Européenne un budget relativement important pour soutenir l’action des ONG dans les pays en voie de développement, à la demande de la Commission.

Bernard KLEIN.- Une des difficulté du propos vient déjà de la disparité du genre ONG qui recouvre des entités très différentes.

Jacqueline MAYENCE.- Il ne faut pas oublier les pouvoir publics, parce que, dans certains pays, les ONG ont fait le travail que les pouvoir publics auraient dû faire. On ne doit pas continuer à compter sur le bénévolat des ONG dans toutes les situations. Je suis pour l’économie de marché et je ne voudrais pas que les pouvoirs publics se substituent aux entreprises qui sont mieux préparées pour réaliser certains travaux. Il y a des pays où les ONG soutiennent toute la politique de santé par exemple. Sans ONG les populations seraient abandonnées à leur triste sort parce qu’on n’a pas fait le choix de préférer la santé à la guerre. Nous ne pouvons pas ignorer le rôle des pouvoirs publics et nous devons les encourager à assumer ce rôle.

Rao CHELIKANI.- Il est exacte que les ONG doivent inciter les pouvoirs publics à la « bonne gouvernance »

ThimotéeYELI MOUKENYA .- En théorie, le partenariat entre les ONG et entreprises est possible, mais sur le terrain, ce n’est pas possible. L’entreprise a pour but de faire des bénéfices. L’ ONG soi-disant , a pour mission de travailler bénévolement. L’entreprise va éliminer l’ONG pour faire des bénéfices. Il faut que les subsides accordés aux ONG soit contrôlés par les gouvernements qui les accordent.

Rao CHELIKANI .- Il est tout à fait exact qu’on doit exiger des ONG d’être transparentes. Mais il ne faut pas être pessimistes. Les ONG ne risquent pas d’être éliminées par les entreprises. Même les gouvernement n’y arrivent pas. On peut estimer que les principes proposés par le conseil d’administration sont acceptables comme une base de travail pour l’AIPEO.
Les interventions que nous avons entendues nous permettent de dégager 3 missions importantes pour notre association
1.- Il faut faire apprécier le concept même de partenariat pour le valider.
2.- Il existe des conditions nécessaires pour que le partenariat entre les entreprises et les associations prospère.
3.- Il faut solliciter la coopération d’autres agences intergouvernementales ainsi que des
gouvernements pour qu’une telle coopération puisse s’établir. C’est la collaboration triangulaire.
Nous pouvons fixer ces 3 éléments comme objectif pour le travail à venir de notre association.

 

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