a.I.P.E.O
Association Internationale
pour le Partenariat
Entreprises-ONG
Nouvelles :
CONGO EVENT 2011
ENTREPRENEURIAT – FACTEUR CLÉ DU DÉVELOPPEMENT D’UNE ÉCONOMIE AFRICAINE DURABLE
EXPERIENCE D’UNE CREATRICE D’ENTREPRISE AFRICAINE
Huguette ZINSOU-GUIBBERT,
Professeur d'Economie à l'Université de Bordeaux, Administrateur de l'A.I.P.E.O.
Je suis présente ici pour témoigner de mon expérience passée ; j’ai créé à la fin de mes études deux entreprises car je n’ai pas pu trouver rapidement un emploi.
Je commencerai par remercier monsieur Christian Doat de m’avoir invitée à ce colloque. Je voudrais également remercier tous les membres autres membres du conseil d’administration de l’AIPEO ici présents : messieurs Pierre Decheix et Bernard Klein, mesdames Jacqueline Fourastié et Jeanine N’Diaye .
Je souhaiterais présenter le Partenariat eurafricain dont les membres ne sont pas présents mais qui font un travail très intéressant sur l’Afrique. Ils défendent l’idée de l’orientation des fonds envoyés dans leurs pays par les migrants dans des secteurs productifs générateurs de revenus et la possibilité de former les élus locaux. Monsieur Joël Broquet devait représenter ici le Partenariat eurafricain, nous regrettons son absence.
Je voudrais également féliciter et remercier de leur présence tous les membres de l’AIPEO Canada qui donnent à cette ONG une dimension internationale.
Enfin je rends hommage à monsieur François de Tinguy que j’ai rencontré à Saint Cernin dans le Cantal (village situé dans le centre de la France) et qui m’a demandé d’être membre de l’AIPEO.
Je ne m’attarderai pas sur mon CV puisque j’ai été présentée avant mon intervention.
J’ai effectué des études en économie et en gestion qui m’ont conduite en France et aux Etats- Unis ; après l’obtention de mon diplôme, je suis rentrée au Bénin, mon pays natal pour rechercher un emploi. Nous étions en 1987 et c’était un pays qui connaissait une situation économique difficile. Mes parents et mes différents interlocuteurs m’ont expliqué que même si l’on me trouvait un emploi, je ne serais pas payée car le pays était dans une situation difficile.
Je suis donc revenue en France ; je me suis installée dans une petite ville de province où j’ai fondé une famille. J’ai ensuite envoyé des CV à plusieurs entreprises sans succès.
Je me suis alors souvenue qu’à New York, durant mes études les professeurs nous conseillaient de vendre des pizzas en attendant de trouver un emploi correspondant à nos qualifications. Ne sachant pas faire des pizzas et n’aimant pas particulièrement la cuisine italienne, j’ai préféré monter une entreprise d’import-export entre l’Afrique et la France.
J’achetais dans tous les pays européens ce dont les entreprises africaines avaient besoin et je leur expédiais le tout en prenant une commission au passage.
- CREER UNE ENTREPRISE EN EUROPE POUR TRAVAILLER AVEC L’AFRIQUE
EXPERIENCE DE LA CREATION ET LA GESTION D’UNE ENTREPRISE D’IMPORT-EXPORT EN France
Cette entreprise était une SARL (société à responsabilité limitée car j’avais deux associés : ma sœur et un de ses amis). L’expérience fut douloureuse car cet ami ne pensait qu’à donner des pots de vin pour obtenir des marchés au moment des appels d’offre lancés par les entreprises africaines(marché que nous n’obtenions pas) ; d’autre part, une femme dans l’import-export paraissait un peu exotique. L’entreprise a été arrêtée en 1996 car je suis retournée en Afrique, au Gabon.
- CREER UNE ENTREPRISE SUR LE CONTINENT AFRICAIN POUR TRAVAILLER SUR LE MARCHE LOCAL OU A L’INTERNATIONAL
Monsieur de Tinguy m’avait demandé de retrouver les plantations de poivre laissées par les religieux dans les missions au Gabon. J’ai suivi son conseil et je suis allée chercher dans ces missions ainsi que chez des pépiniéristes au Bénin, des boutures de poivriers.
EXPERIENCE AU GABON DE LA CREATION D’UNE PLANTATION DE POIVRE
L’objectif était de relancer la culture du poivre au Gabon car l’AIPEO pouvait nous aider à trouver des acheteurs en Europe ; une expérience similaire avait été tentée à Madagascar avec succès.
Il a fallu créer une entreprise privée, avec un associé gabonais, montrer que la culture du poivre était possible et rentable afin de convaincre les femmes de planter le poivre près de leurs cases et non dans leurs plantations. Au bout de quelques années, elles abandonnent les plantations et vont cultiver d’autres terres plus rentables.
Les lianes de poivre fleurissent au bout de trois ans ; pour rentabiliser notre investissement nous avons mis en terre un certain nombre de cultures et des fleurs, ouvert un magasin et trouvé une place au marché pour vendre nos légumes, nos fruits et nos fleurs.
Les photos ci-dessous montrent la récupération des boutures, la mission où nous les avons trouvées et les premières lianes de poivriers.
Ensuite, la rivière qui irrigue la plantation, les fleurs et les légumes, les fruits plantés.
Le poivre est vendu sur place, il n’y a pas d’exportation et à mon départ du Gabon, en 2002 il y avait 1000 pieds de poivriers sur une plantation de 5 hectares.
Fleurs (becs de perroquets), légumes (épinards).
Papayes, bananes et ananas.
EXPERIENCE DE LA GESTION DE MICRO PROJETS DE DÉVELOPPEMENT POUR LE FONDS CANADIEN D’INITIATIVES LOCALES
Tout en menant à bien le projet de culture du poivre, j’ai géré les projets de développement de l’ACDI (Agence canadienne de développement).
Il s’agissait d’étudier la faisabilité de ces projets, de choisir les plus viables et de les financer. Un suivi des créateurs était également assuré.
Ci-dessous, quelques projets financés par l’agence au Gabon entre 1999 et 2000
Ci-dessus, complexe éducatif (cours primaire pour garçons et filles) et centre de santé pour les adultes et les enfants en bas âge.
Ci-dessous, centre de formation en informatique, centre d’enseignement de la couture et centre d’alphabétisation.
PROBLEMES IMPORTANTS RENCONTRES PAR LE CREATEUR D’ENTREPRISE :
- LE CHOIX DES PARTENAIRES :
FAUT-IL AVOIR DES ASSOCIES ?
Le choix des associés doit être fait après mûre réflexion car malgré le fait que mon choix fut de travailler avec un membre de ma famille, il m’a été difficile de maintenir la tête hors de l’eau. Nous avons dû nous séparer du troisième associé.
FAUT-IL TRAVAILLER SEUL ?
Tout dépend de l’activité de l’entreprise ; on peut commencer par des mi temps ou l’embauche de travailleurs pour lesquels l’Etat apporte des subventions.
EST-T-IL FACILE DE TRAVAILLER DANS UNE COOPERATIVE OU UNE ASSOCIATION?
Le travail en groupe est difficile dans certains pays d’Afrique, le projet doit être bien expliqué ; les ONG préfèrent financer des groupes d’individus et non des promoteurs travaillant seuls pour faire émerger la société civile.
- LE FINANCEMENT DE L’ENTREPRISE
DE COMBIEN LE CREATEUR D’ENTREPRISE A-T-IL BESOIN ?
Les chances de réussite sont plus importantes si l’on dispose d’un capital de départ confortable.
QUEL STATUT JURIDIQUE ADOPTER ?
Il vaut mieux choisir un statut qui protège les biens personnels.
PEUT-ON TROUVER FACILEMENT UNE SOURCE DE REFINANCEMENT ?
Si votre comptabilité est tenue de façon rigoureuse et que vous travaillez sans relâche, les profits sont possibles après quelques années ou quelques mois. Vous pouvez obtenir un crédit bancaire, des subventions ou une aide.
LE RÔLE DU CHEF D’ENTREPRISE est important.
Ses heures de travail ne sont pas comptées, il doit avoir une vision à long terme de son entreprise. Il doit faire preuve de dynamisme ; la foi et la confiance dans l’avenir doivent l’animer.
- LA RESPONSABILITE SOCIETALE DE L’ENTREPRISE
L’ETHIQUE DANS LES AFFAIRES est toujours nécessaire, surtout en Afrique ; il nous faut lutter contre la petite et la grande corruption, ne pas la pratiquer et ne pas l’encourager. Le travail informel est plus simple, plus tentant mais le continent ne s’en sortira qu’avec une augmentation de la collecte des impôts et une bonne utilisation des fonds reçus des différents agents économiques.
LE CHOIX D’UNE PRODUCTION SOUTENABLE ou durable
Ce choix est obligatoire car chacun des actes que nous posons, surtout dans le cadre de la production, doit être réalisé avec le souci de protéger l’environnement pour que la croissance perdure au niveau national. Cette croissance est la richesse qui permettra la mise en place de l’amélioration du niveau de vie de la population dans son ensemble ; l’entrepreneur est à son niveau microéconomique, l’un des maillons d’une chaîne qui doit durer le plus longtemps possible(les statuts prévoient en France 99 ans pour la durée de vie d’une entreprise).